Le Mercredi 16 juin pointait chez RG Matériaux comme un jour de fête pour célébrer l’arrivée de l’été et inaugurer son département planchers. Toute l’équipe se préparait depuis plusieurs jours à accueillir nos clients sur le dépôt de Fréjus pour une soirée cocktail musicale dans l’état d’esprit dynamique et convivial qui caractérise cette entreprise depuis toujours.
Hélas, le mardi 15 Juin 2010 après midi des pluies diluviennes, s’abattent sur le centre et l’es

t du Var, transformant tous ses cours d’eau en gigantesques torrents qui éventrent les villes et les villages. Sans précédent depuis 1827 cet épisode météorologique endeuille de nombreuses communes où plus de 25 personnes trouvent la mort. Il laisse beaucoup de familles dans l’angoisse de proches disparus. Plus nombreux encore sont les varois qui perdent leur habitation et tous les objets qui ont accompagnés leur vie. Les pompiers et les militaires ne ménagent aucun effort pour secourir toute la nuit les sinistrés et extraire du désastre des blessés et des corps parfois inidentifiable.
Même si le sinistre que nous avons connu est sans commune mesure avec le drame vécu par les familles endeuillées voici son histoire.

C’est en fin de nuit que Roger et Fabrice Gaymard découvrent, en arrivant sur le site, que le ruisseau « La Garonne » qui longe notre dépôt de Fréjus commence sa crue. Il quitte son lit pour se rependre dans la cour, les hangars et le magasin. En quelques minutes l’eau boueuse monte de presque un mètre, envahi tout, salit, dissout, détruit, met en flottaison et emporte ce qu’elle veut. Les véhicules et les appareils de manutenti

on sont noyés. Les matériaux se brisent et s’enchevêtrent au débris végétaux portés puis abandonnés par les eaux. Les bureaux sont inondés. Les ordinateurs, tous les documents et les objets qui font la vie quotidienne d’une entreprise sont aussi irrémédiablement gâtés, saccagés ou emportés.

La clôture partiellement effondré a couché le grillage et de l’autre coté de la rive, sur le parking autour des camions immergés jusqu’à leur habitacle, flottent buses, tuyaux, gaines et planches à bancher.
Dans l’eau jusqu’à la taille pour constater les dégâts qui s’accroissent, Fabrice Gaymard s’aperçoit que le « serveur » véritable cerveau de l’entreprise, parce qu’il est plus en hauteur que les autres machines, peut encore être sauvé. Avec d’infinies précautions il le met à l’abri au premier étage : c’est le début de la reconquête de l’entreprise sur la rivière.
Les premières pensées des dirigeants et de chaque collaborateur vont alors naturellement aux victimes d’autant plus tristement que plusieurs de nos collègues sont personnellement et durement touchés ; qui ayant perdu totalement ou en parti sa maison, qui ayant vécu l’angoisse d’un conjoint ou d’un enfant disparu plusieurs heures ou ayant frôlé la mort dans la débâcle des rues-devenues-torrents.
Par évidence comme par décence, la soirée festive est annulée.
Bien que groggy, nul ne cède au découragement. Le volontarisme de chacun se dresse contre l’adversité commune et les manches se retroussent.

Il faut à la rivière toute la journée de mercredi pour rejoindre son lit. Elle abandonne dans les locaux et dans la cour des branchages et un épais matelas de boue dans laquelle chaque pas s’englue compliquant encore davantage les travaux de déblaiement et le nettoyage.
A l’exception de quelques collaborateurs mobilisés sur le dépôt de Puget pour assurer une permanence ad minima et aider nos clients dans leurs premiers efforts, tout le personnel se met à l’ouvrage. Les amis qui viennent offrir main forte sont pour tous un encouragement supplémentaire pour lequel il n’est pas de mots justes.
Il faut

maintenant se frayer des passages, déblayer, trier, évacuer la boue du magasin et des hangars, laver les sols, les racks et les étagères, sauver ce qui peut l’être et le nettoyer ; en un mot prouver que RG Matériaux ne baissera pas les bras.

Roger Gaymard dirige la manœuvre et chacun prend sa part du fardeau. L’entraide des équipes, constituées par zone, est la règle et la bonne volonté tient lieu d’énergie.
L’urgence est partout. En plus des tâches prépondérantes de remise en état, l’inventaire des dégâts et des pertes est une nécessité cruciale. Il est fait avec rigueur et minutie. Les objets détruits o

u nettoyés sont recensés, palettisés et photographiés. Ce qui paraissait inaccessible prend forme peu à peu et chaque objet déblayé est une victoire qui nous rapproche un peu de l’objectif commun : Ouvrir nos portes au plus tôt. Le repas de midi est aussi un moment fort qui permet de réunir nos forces dans toute l’acception du terme. Ce qui est dit soulage, ce qui est entendu réconforte.
Après cinq jours d’efforts acharnés, au terme d’une semaine qui habitera pour toujours la mémoire de tous les membres de l’équipe, le lundi 21 juin à 7 h 00 le dépôt de Fréjus, ouvrait ses portes pour faire ce que chacun de nous sait faire le mieux : « Pour vous servir ! »
Même si des années seront nécessaires pour effacer toutes les traces matérielles de ce désastre, celles immatérielles qu’il aura laissées dans les têtes et dans les cœurs resteront pour chacun indélébiles.